« Les rosbifs dans l’espace », ainsi s’intitule la nouvelle superproduction de Jean Paul Gaultier (le couturier français préféré des Britanniques), qui s’achève sur l’air de God Save The Queen. Mise en scène comme un vol intergalactique sur une compagnie anglaise, la collection est à l’image du décor dans lequel elle défile, le rétrofuturiste siège du Parti communiste français de la place du Colonel-Fabien, signé Oscar Niemeyer. Dans la mode, le futur prend souvent des allures sixties, et c’est encore bien le cas aujourd’hui, même si JPG regroupe tout un éventail de tribus, du néoromantisme au punk, tels ces deux frêles hooligans pré-ados en tartan et coupe iroquoise. « Les Français sont invités à cesser de fumer… Les Français sont invités à respecter la file d’attente… », annonce le stewart en voix off, tandis que des divas de la conquête spatiale vêtues de combinaisons matelassées en vison gris ou gainées de cuir à carreaux écossais, s’avancent devant une authentique reine du rock, Rihanna – enroulée, elle, dans une étole de vison bardée du mot « Fear ». Au-delà de tout ce théâtre, Gaultier présente de très beaux looks – des vestes 2001: l’Odyssée de l’espace notamment, et des blousons d’aviateur à larges épaules, entièrement recouvertes de tulle. Les fameuses doudounes tuyautées ne sont pas en reste, flanquées des couleurs de l’Union Jack, en prévision de cette sortie dans l’espace interstellaire de Sa Majesté. Mais la collection, qui se contente trop souvent de recycler les classiques maison, a finalement du mal à décoller. Si Gaultier est le Ziegfeld des créateurs, il l’est parfois avec excès. Cette fois, en tout cas, entre mode et spectacle, ce ne sont pas les vêtements qui sont allés le plus loin. »
Madame Figaro